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"Agir en juif, c'est chaque fois un nouveau départ sur une ancienne route" Abraham Heschel

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December 1, 2023 5

Shofar 397  |  L'Engagement

Alexandre (Ezra) Piraux
shofar@beth-hillel.org

 

ÉDITO

De Nouveaux Engagements?

 

La présente livraison est centrée sur la notion d’engagement.

En ces temps difficiles et sombres, nous avons parfois la perception d’un découragement, d’un désengagement ou d’un déni de réalité.

 

La seule cause qui vaudrait serait la nôtre et au mieux celle de notre petite famille nucléaire. Les autres causes seraient inutiles ou perdues d’avance vu l’ampleur des problèmes.
Ce n’est toutefois qu’un point de vue car de nombreuses personnes, toutes générations confondues, s’engagent, entre autres, contre la dérégulation climatique, contre les discriminations, pour la défense des Droits humains et pour la Justice. Naturellement les modalités d’engagement ont évolué en fonction du contexte.

 

« Le mot du Président » nous fait comprendre l’importance d’un engagement qui s’impose à nous plus que nous le choisissons.
L’engagement est, écrit-il, un don de soi unilatéral, sans attente de retour et Alexander de se demander si le Judaïsme libéral est un engagement.
La question est évidemment purement rhétorique. S’engager revient, pense-t-il, à refuser le confort et à perpétuer la tradition tout en la défiant et en la renouvelant.

 

Le Rabbin Josué Ferreira dans « La notion d’engagement dans le Judaïsme » examine cet engagement à travers de multiples exemples tirés du Tanakh ou du Talmud.
Il rappelle que « Le Kol Nidré – la formule d’annulation des vœux – que nous récitons le soir de Kippour, annule les engagements que nous avons pris envers nous-mêmes, afin de ne pas nous enfermer dans un sentiment d’échec. Mais le Kol Nidré ne peut annuler les engagements non tenus envers autrui. La seule manière de repartir sur de bonnes bases sera de rechercher le pardon de la personne lésée, et de réparer au mieux ce qui peut l’être. »

 

Marc Brichaux évoque un héros oublié de la résistance allemande d’avant-guerre le jeune avocat Hans Litten. Ce dernier cita Hitler en justice comme témoin dans une affaire de rixe de SA contre des militants communistes en 1931. Hitler qui fut mis en difficulté par Litten lors du procès ne lui pardonna pas l’affront en sorte que Litten fut déporté et mourut en détention à Dachau le 5 février 1938. Il est exemple d’engagement exemplaire et héroïque. Resté malheureusement trop méconnu.

 

Pascale Charhon de HIAS Europe décrit le projet européen Neighbours conçu comme une réponse proactive à la montée alarmante de l'antisémitisme mais aussi du racisme et de la xénophobie en Europe. C’est un engagement en faveur de la démocratie et contre toutes les discriminations. Il consiste notamment à faire visiter des synagogues à un public de 10 à 18 ans issu de la diversité mais pas nécessairement. En moins de deux ans, pas moins de 3.500 jeunes auront participé à visites éducatives dans des synagogues de leur quartier dans six pays de l’Union Européenne.

 

Mon article vise l’engagement en tant que commandement éthique. Il fait état de ce que les engagements dans notre société qu’ils soient individuels ou collectifs ont muté et sont devenus plus brefs, labiles et ponctuels. La jeune génération continue à s’engager mais sous des formes différentes. En réalité c’est le fait de s’engager qui donne un sens à la vie.

 

Nous publions cette fois les derachot de trois bené mitzvah : Louis Abram (Vayigach), Liliane Hillman (Vayehi) et de Max Schreiber (Vaéra).
Avec eux nous terminons la Genèse et entamons l’Exode. C’est un moment charnière qui va de Joseph qui révèle son identité à ses frères, à la bénédiction de ses fils Manassé et Ephraïm par Jacob qui va mourir, à la mort de Joseph puis c’est le début de la délivrance par Moïse qui tente d’infléchir le pharaon.

 

Dans « Na’asséh véNichma » Leah Engelmann nous fait découvrir l’artiste David Kessel - sans lien de parenté avec son célèbre homonyme. En admirant les œuvres de David Kessel, nous sommes plongés dans un univers chromatique éclatant où le bleu semble très souvent prédominant. Comme l’écrit Leah  « En plus d’être l’une des deux couleurs du drapeau israélien (pour la mer et le ciel), le bleu revêt une forte symbolique aux yeux du pays tout entier et du Judaïsme ». David Kessel est aussi un homme engagé.

 

La rubrique « Envie de li(v)re » s’enrichit de deux recensions d’Isabelle Telerman. Fidèle à ses tropismes, Isabelle Telerman nous plonge dans un monde englouti.

 

Le livre de l’auteur polonais Mikolaj Grynberg (58 ans) qui est aussi artiste et photographe Je voudrais leur demander pardon mais ils ne sont plus là contient 31 textes bouleversants. Des anonymes, des amis racontent à Grynberg leur histoire familiale, un épisode de leur vie, un traumatisme. Ces personnes toutes juives relatent leurs expériences présentes et passées de leur vie en Pologne. Par ailleurs, l’ouvrage de Wolf Wieviorka Est et Ouest/déracinés est également un recueil de nouvelles. L’action se passe dans le Paris de l’entre-deux-guerres. On y croise toute une galerie de personnages du monde Yiddish tous très singuliers. L’auteur est né en Pologne en 1896 a vécu à Paris et a été déporté avec une partie de sa famille. Il décède lors de l’évacuation des camps en 1945.

Enfin nous espérons que ce numéro sur l’engagement suscitera des engagements élargis et renouvelés au besoin.


Alexandre (Ezra) Piraux

shofar@beth-hillel.org